Les p'tites gens

Nous ne méritons pas d'être traité de la sorte. Nous sommes les gens simples, nous sommes les « p 'tites gens » comme « ils » aiment à dire. Oui, c'est vrai, nous n'aspirons finalement, qu'à couler des jours heureux. Nous aimons les choses simples, et au-delà de nos rêves les plus fous, une petite maison, une famille heureuse, un animal de compagnie pourquoi pas ; voilà ce qui nous rend heureux. Un repas de famille, entre amis, un peu de musique, même si le tonton improvisé disque jockey le temps d'une soirée nous torture les tympans, nous sommes ensemble, nous sommes heureux. Ils nous maltraitent, nous prennent pour du bétail, et encore, je ne parle pas du bétail des peuples nomades voyageant avec leurs troupeaux depuis la nuit des temps, non, je parle de ceux qui traitent l'animal comme un être sans âme. Pour eux nous sommes des pions que l'on déplace à sa guise, selon des stratégies militaires et industrielles plus macabres les unes que les autres.

Il y a des choses à apprendre de tous ces milliardaires, « les tenants du pouvoir », il faut connaître les qualités de son adversaire pour espérer le vaincre, surtout si ses prédispositions sont meilleures que les tiennes. Oui, je te tutoie, parce que si tu es là, c'est parce qu'au fond, malgré nos chamailleries, nous ne sommes pas si différents. Nous sommes les gens simples, oui, mais nous sommes aussi ; le bénévolat, l'empathie, la vie de tous les jours ; oui, ce sont les p'tites gens qui nettoient, qui réparent, qui soignent, qui éduquent, qui entreprennent. Nous ne méritons pas d'être, à ce point, méprisés par « ils ».

Au nom de tous les éborgnés, de tous les blessés, de tous ceux injustement condamnés de France et d'ailleurs, pour les générations futures, pour notre propre éveil, nous devons changer le monde. Oui, dit comme ça, l'ambition est gigantesque, mais ne dit-on pas qu'il faut viser les étoiles pour atteindre la Lune. Nous sommes les p'tites gens, et nous méritons le respect. Nous méritons que notre travail soit récompensé à sa juste valeur, y compris lorsque notre mission est de préparer les générations futures. Nous n'avons plus le droit d'accepter la situation. Ils nous mentent en affichant un sourire narquois, ils pervertissent nos enfants, ils empoisonnent, ils tuent... Vous m'énervez parfois, comme il m'est arrivé d'être énervant aussi probablement, mais pardonnons-nous, respectons-nous, et n'acceptons plus d'être traité comme des esclaves. Évitons les divisions, concentrons-nous sur ce qui nous rassemble. Et restons simple, leurs richesses les rendent immondes, froids, diaboliques. Notre richesse vaut mille fois la leur si tant est que nous sortions une bonne fois pour toutes de leur fiction morbide, de leur jeu mortifère. Nous sommes les p'tites gens, mais finalement, sans nous, ils ne sont rien. Nous sommes le monde.

Chroniques-Humaines